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Si vous me dites “Ah, mais c’est ce qu’on a dans nos thermomètres !”, je vous réponds “oui”, mais au passé. Si vous me dites que c’est un dieu ou une planète, c’est vrai aussi, mais ce n’est pas ce qui nous intéresse aujourd’hui !
Deux questions se posent maintenant, qu’est-ce que le mercure et pourquoi au passé ?
Le mercure est le seul métal qui est liquide à température ambiante, ce qui le rend aussi très volatile. Dans le tableau périodique, il est noté “Hg” pour “hydrargyrum” (à tes souhaits), terme latin qui signifie vif-argent de part son aspect argenté.
Maintenant, passons aux choses sérieuses. Mais pourquoi donc parler du mercure ? Si aujourd’hui vous ne le trouvez plus dans vos thermomètres, c’est parce que ce métal est dangereux. Effectivement, comme le mercure est très volatile, il passe facilement dans les voies respiratoires. Les symptômes d’une intoxication au mercure sont divers et variés. Ils touchent principalement le système nerveux. Comme effets, on retrouve tremblements, insomnies, pertes de mémoire, effets neuromusculaires, maux de tête et dysfonctionnements moteurs et cognitifs.
C’est ce pour quoi les thermomètres au mercure sont interdits en France depuis le 10 juillet 2007, bien qu’inoffensif lorsqu’il est contenu dans le verre du thermomètre. Si ce même thermomètre vient à tomber et à se briser, le mercure sera libéré et potentiellement inhalé.
Mais, quel rapport avec notre étude ? On y arrive…
Dans le cadre d’un projet de rénovation, d’anciens laboratoires universitaires ont fait l’objet d’un plan de gestion ayant mis en évidence la pollution au mercure des sols, murs et caniveaux. Ce bâtiment possède un rez-de-jardin semi-enterré, un rez-de-chaussée et trois étages dépourvus de système de ventilation.
Mais comment faire pour dépolluer ce site ? L’équipe de maîtrise d’œuvre de ce projet s’est penchée sur la question, et différentes propositions ont été formulées. Notre mission a été d’évaluer les solutions proposées avant travaux afin de s’assurer que les mesures prises allaient être suffisantes pour améliorer la qualité d’air intérieur. Nous avons donc étudié l’impact de la décontamination des sols et des murs, ainsi que l’installation d’un système de ventilation mécanique sur cette dépollution.
Ce qu’il faut savoir :
Le code de l’environnement impose des valeurs toxicologiques de références (VTR) de concentration de mercure dans l’air.
Ainsi, nous avons comme valeurs repères : R1 = 0,03 µg/m3 et R2 = 0,2 µg/m3.
Avant de commencer tout travaux, il fallait donc s’assurer que les propositions de réhabilitation permettraient effectivement de respecter ces seuils de toxicité. Et c’est là que l’on a fait appel à INDALOⓇ, notre logiciel de simulation de qualité d’air intérieur.
Des idées ? La ventilation est-elle une bonne solution contre la pollution au mercure ?! Pour ne pas vous spoiler : OUI !
Mais lisez plutôt :
Nous avons tout d’abord utilisé des relevés de mesures qui avaient été faits sur site pour connaître les taux d’émission en mercure des murs et des sols. Ce scénario vise essentiellement à calibrer notre simulation pour que la maquette numérique INDALOⓇ (cf ci-contre) soit représentative de l’état constaté du bâtiment.
Des prélèvements d’air ont été réalisés à des endroits différents du bâtiment. Les résultats de ces mesures sont résumés dans le tableau ci-contre :
Ces valeurs mesurées ont ensuite été “injectées” dans les paramètres de la maquette INDALO. Cette méthodologie a permis de déterminer :
Maintenant, imaginons que le bâtiment possède une ventilation double flux. Afin d’estimer l’impact des estimations d’émissions de mercure, les simulations ont été réalisées avec le système de ventilation conforme à la stratégie recommandée pour ce bâtiment, c’est-à-dire un renouvellement d’air de 1,5 vol/h. Effectuons les calculs pour simuler le taux de pollution restant, grâce à INDALOⓇ. Hâte de découvrir les résultats ?
On constate un impact significatif de la ventilation sur la qualité de l’air intérieur. Bon OK, on s’en doutait… Mais avec une telle efficacité ? C’est assez impressionnant ! Avec un renouvellement d’air adéquat, la quasi-totalité du site passe en dessous des seuils de nocivité, comme montré sur le diagramme ci-contre.
Modélisons trois autres scénarios. Les scénarios 3, 4 et 5 visent à évaluer l’impact de la dépollution sur la qualité de l’air intérieur (à noter que chaque scénario comporte une ventilation double flux).
Sans grande surprise, plus on dépollue le site, moins on retrouve de mercure dans l’air (graphique ci-dessous). D’ailleurs, pour le scénario 5, on constate qu’il fait bon vivre dans cette ancienne université ! Tous les résultats sont en dessous de la valeur réglementaire de 0,03 µg/m3.
Enfin, un dernier scénario pour terminer notre étude : dans celui-ci, le N°6, le bâtiment est presque entièrement dépollué, le mercure n’a qu’à bien se tenir ! Sauf que c’est sans compter sur Monsieur Pasdechance, la ventilation tombe en panne… Le circuit double flux ne fonctionne plus, rien ne rentre, rien ne sort. Qu’advient-il alors de la pollution au mercure au bout d’une semaine ? Réponse en image sur le graphique ci-dessous.
Rebelote : on constate l’impact significatif de la ventilation sur le taux de mercure dans l’air. Même avec une dépollution conséquente, mais sans ventilation, tout n’est pas rose ni vert dans le bâtiment… mais orange à 29%.
Après avoir calibré nos simulations sur INDALOⓇ pour prévoir de manière fiable les taux de mercure dans l’air, différents scénarios de dépollution du site ont été réalisés.
Les conclusions ? Il est évident qu’une dépollution des sols et murs est inéluctable. De plus, sans ventilation, vous passerez un mauvais quart d’heure. Optez donc pour le combo : dépollution + ventilation double flux.
Enfin, pour préserver votre santé et celle de vos occupants, modélisez sur INDALOⓇ. Vous trouverez forcément les moyens d’éviter la pollution de l’air intérieur de votre bâtiment !
Par E.M. et A.M.
Sources :
http://www.atmo-grandest.eu/sites/prod/files/2018-11/Evaluation_des_niveaux_1.pdf
https://www.lenntech.fr/periodique/elements/hg.htm
https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/astronomie-mercure-3722/
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/mercury-and-health
https://www.senat.fr/rap/l00-261/l00-26153.html
https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/vie-saine/votre-sante-vous/environnement/mercure-sante-humaine.html
https://www.encyclopedie-environnement.org/sante/mercure-poisson-chercheurs-or/
https://www.lemonde.fr/planete/article/2007/07/11/l-ue-interdit-le-mercure-dans-les-thermometres-et-les-barometres_934224_3244.html
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