Face au rayon peinture dans mon magasin de bricolage, je découvre toute une palette différente de couleurs mais aussi d’étiquetages sur les pots de peinture.Par défaut, je choisis une peinture avec l’étiquetage “A+” car étant très scolaire, je me dis que c’est la note la plus élevée et qu’elle indique un gage de qualité.
Alors oui mais… Concrètement, ça veut dire quoi ? C’est quoi cette note de qualité d’air intérieur ? Si j’utilise que des matériaux A+, suis-je sûre que je respire un air sain ?
1. Étiquetage et réglementation : parlons-en
Depuis le 1er septembre 2013, l’étiquetage des produits de construction, des revêtements de mur ou de sol, et des peintures et vernis est obligatoire en matière d’émissions de Composés Organiques Volatils (COV).L’étiquette indique les niveaux d’émissions de COV par une classe allant de A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions). 11 COV sont actuellement réglementés dont le Formaldéhyde, polluant cancérogène.
Ces informations ne permettent cependant pas de savoir si la combinaison de matériaux garantit un air sain. En effet, l’attribution de l’étiquette dépend du résultat d’une mesure dans une pièce standard aux dimensions et à un taux de renouvellement d’air définis. Evidemment, cette pièce de 4 mètres de long par 3 mètres de large avec 2,5m de hauteur sous plafond, une porte et une fenêtre et 15 m3/h de ventilation n’est pas représentative de votre bâtiment. Alors, est-ce que “A+” + “A+”, ça donne du “A+” ? C’est trop mathématique pour moi, je m’en remets entièrement à nos modélisations sur INDALOⓇ.
2. Étude de cas sur un logement
Description du projet
Les matériaux utilisés
Pour résumer…
- le scénario n°1 emploie des matériaux classiques de niveaux A+ selon l’étiquetage réglementaire français
- le scénario n°2 emploie le même type de matériaux que le scénario n°1, et sont également de niveaux A+ selon l’étiquetage réglementaire français. La peinture utilisée présente en revanche une très faible émissivité de polluants et est de meilleure qualité que la peinture du scénario 1.
- le scénario n°3 est un compromis entre l’utilisation d’un matériau de niveau A+ vertueux en termes de qualité de l’air, et d’un autre matériau cette fois-ci de niveau A
3. Qui est le bon élève ?
Composés Organiques Volatils Totaux
Les COV pour Composés Organiques Volatils, qu’est-ce que c’est ?
Ces composés peuvent être d’origine naturelle ou anthropique et leurs effets sur la santé peuvent être différents en fonction de leur composition.
Ils correspondent à un ensemble de composés appartenant à différentes familles chimiques. Ils sont largement utilisés dans la fabrication de nombreux produits, matériaux d’aménagement et de décoration. Une de leurs caractéristiques est de s’évaporer plus ou moins rapidement à température ambiante. Leurs possibles effets sur la santé sont des irritations de la peau, des muqueuses et du système pulmonaire, des effets cancérigènes…
Les COV Totaux correspondent à la mesure d’un ensemble de COV.
Ouch…Le scénario 1, avec les matériaux A+, explose les scores en dépassant la barre des 3 000 µg/m³ . Les deux autres scénarios respectent la réglementation, y compris le scénario 3 avec un matériau étiqueté A, présentant des résultats aussi bons en termes de COVT que le scénario n°2.
Le Formaldéhyde
Vous avez dit Formadéhyde ?
Le formaldéhyde est un Composé Organique Volatil de la famille des aldéhydes, présent sous forme gazeuse à température ambiante. Il s’agit de l’un des composés organiques les plus utilisés par l’industrie chimique du fait de sa grande polyvalence.
Il est principalement utilisé pour la fabrication de colles, de résines et de vernis présents dans la production de contreplaqué, de panneaux agglomérés de fibres ou de particules (mélaminés), de meubles ou d’autres produits du bois.
Il a été reconnu comme “substance cancérogène avérée pour l’Homme” par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) en 2004. Il est également classé comme mutagène de catégorie 2 au niveau européen depuis 2014.
Dans le cas d’expositions aiguë et chronique (à des doses plus faibles que celles susceptibles d’induire des cancers à long terme), ce composé peut provoquer des irritations oculaires et respiratoires.
En termes de formaldéhyde, le scénario n°3, qui utilisait un matériau étiqueté A, est cette fois-ci le pire élève. Malgré cela, ces résultats restent corrects comparés au seuil de valeur guide de 30 µg/m3.Les deux autres scénarios s’en sortent mieux, le n°1 étant meilleur que le n°2.
4. Que peut-on en conclure ?
Se baser uniquement sur le choix de matériaux strictement A+ selon l’étiquetage réglementaire français n’est pas toujours suffisant.
- Des matériaux, même s’ils sont de niveau A+, peuvent présenter de grosses différences, parfois non négligeables, en termes d’émissions de certains polluants (Scénarios 1 et 2).
- L’association d’un matériau A et d’un matériau A+ peut amener à présenter de meilleurs résultats pour certains polluants et des résultats moins bons pour d’autres polluants, comparé à l’association de matériaux exclusivement A+ (Scénarios 2 et 3).
- Le renouvellement de l’air de vos pièces impacte directement les concentrations induites par les émissions de vos matériaux. Il est important de valider le paramètre ventilation et émission à la même étape du projet.
Seule l’utilisation d’un logiciel de simulation de la QAI peut prendre en compte et évaluer tous les paramètres possédant des effets sur celle-ci dès la phase de conception d’un bâtiment, et peut permettre de comparer simultanément tous les polluants ayant un enjeu dans la QAI.Un outil de ce type peut ainsi aider à conclure dans les choix de conception d’un bâtiment et peut, par exemple, permettre de réaliser des choix de matériaux économiquement avantageux, tout en certifiant une bonne qualité de l’air intérieur dans un futur bâtiment.
Par ailleurs, il n’est pas forcément nécessaire d’employer uniquement des matériaux étiquetés A+, qui peuvent être plus onéreux qu’un produit “A”, sur l’ensemble du projet pour atteindre des objectifs de QAI.
5. Des recommandations ?
Ensuite, simulez !
Seule l’utilisation d’un logiciel de simulation de la qualité d’air intérieur peut prendre en compte et évaluer tous les paramètres possédant des effets sur celle-ci dès la phase de conception d’un bâtiment.Un outil de ce type peut ainsi aider à trouver la “bonne” combinaison de matériaux d’étiquetage variable et conclure sur les bons choix de conception
Vous respecterez ainsi des exigences en termes de QAI mais également de coût.
Psst, il est temps de vous munir d’INDALOⓇ pour vos simulations… 😉
Par B.R. et L.D.