On pense souvent que dans un logement neuf ou rénové, la qualité d’air y sera forcément meilleure que dans une vieille habitation. Et bien, pas forcément ! L’isolation des parois et des fenêtres peut rendre le bâtiment étanche à l’air. Attention donc à bien dimensionner son système de ventilation !C’est dans ce contexte qu’un bailleur social nous a sollicités. Une de leurs résidences subissait des travaux de rénovation énergétique : meilleure isolation des façades, remplacement des menuiseries et de la ventilation.
Telles sont les questions que nous allons balayer dans cet article.
1. L’état des lieux
L’étude que nous réalisons pour ce bailleur social débute par des mesures de qualité d’air dans la résidence qui va être réhabilitée. En effet, pour estimer la qualité d’air après rénovation, il est nécessaire d’évaluer celle qu’il y a actuellement dans les logements.Sur INDALOⓇ, nous paramétrons la maquette numérique de la résidence avec ces informations de mesures de qualité d’air intérieur.
Les mesures portaient sur cinq paramètres :
- l’humidité relative,
- le dioxyde de carbone (CO2),
- le formaldéhyde,
- les Composés Organiques Volatils Légers (COVL),
- les particules fines (PM2.5).
- les émissions de formaldéhyde par les matériaux et le mobilier.
- les échanges d’air par infiltration qui dépendent des écarts de température entre le logement et l’extérieur.
2. Modélisation des impacts de la rénovation sur la qualité de l’air intérieur
Reprenons. Les travaux vont :
- diminuer la perméabilité
- améliorer (normalement) l’efficacité de la ventilation (qui sera remplacée par un système hygroréglable de type B).
Les simulations pour évaluer la qualité d’air dans les logements après rénovation sont lancées… Verdict ??L’isolation des parois et des fenêtres est donc réalisée, la température des logements est confortable (20°C) : la qualité d’air y est meilleure qu’avant travaux ! Pari réussi !
Effectivement, le système de ventilation de type hygroréglable B nouvellement mis en place est mieux dimensionné et mieux adapté au logement.
Maintenant, nous étudions les mêmes logements mais cette fois en période caniculaire, comme souvent en été ces dernières années. D’ailleurs, notons que les mesures de qualité d’air dans ces logements ont été réalisées à de chaudes températures durant l’été 2020.Dans ce cas, la qualité de l’air se dégrade de manière notable (cf graphiques ci-dessus). En effet, mécaniquement en condition caniculaire, l’humidité relative est plutôt faible, le système de ventilation hygroréglable B est dans ce cas moins sollicité et donc moins efficace pour extraire les polluants de l’air intérieur.
3. Conclusions
La rénovation aura une incidence faible sur la qualité de l’air intérieur des logements de la résidence.
Enfin, faible, c’est vite dit. Car sans travaux pour améliorer le confort thermique, la qualité de l’air risque d’être dégradée. Un nouveau système de ventilation de type hygroréglable sans réaliser d’effort sur les performances thermiques ne fonctionnera pas de manière optimale. Les niveaux d’humidité relative et leurs variations seront trop faibles. Par conséquent, le renouvellement de l’air ne sera pas efficacement assuré dans les pièces. Donc, rénovons pour l’énergie et pour la santé!
4. Des recommandations ?
Les mesures réalisées dans les logements ont montré des niveaux corrects de concentration de particules fines mais régulièrement à la limite des seuils conseillés.
Comment remédier au problème ? L’installation d’une ventilation double flux est une possibilité. Mais, celle-ci étant une installation lourde et non prévue dans ce programme de rénovation, l’alternative peut être l’installation d’entrées d’air filtrantes.
Alors, à quand la rénovation / modélisation de la qualité d’air intérieur de vos logements ?
Par B. R. et L. C.